Deux remarques sur ce chef d’oeuvre. Premièrement, la perspective du tableau, très réussie, ne repose que sur quelques lignes au sol et au-dessus des personnages; elle est renforcée par le choix des couleurs, et par les étonnants cyprès (souvent des symboles de la mort en Méditerranée) poussant derrière la Vierge à l’Enfant, élevée sur un trône, habillée de bleu foncé. Le regard du spectateur est ainsi naturellement emporté en premier par le sujet principal auquel aboutissent toutes les perspectives.
Deuxièmement, le personnage de Jean-Baptiste (en rouge) et celui de saint Laurent (en rouge et vert) sont exemplaires en ce sens que Botticelli a suggéré, seulement par leurs attitudes, leur manière de vivre et leur façon d’être saints. Car rappelons-le, nous sommes tous appelés à être parfaits, sans pourtant modifier notre être!
Ainsi saint Jean Baptiste, ermite, a vécu au désert, dans une « ardeur jalouse » pour son Dieu. Le voilà donc représenté avec le regard farouche et presque intraitable, les cheveux fous. Saint Laurent, archidiacre de la premiere église de Rome, mort martyr, est plus angélique; il accomplit son sacerdoce dans l’Église nouvellement née; dans l’obéissance et en donnant sa vie pour la défense de la vérité.
Ainsi, sans aucun discours, le (bon) peintre doit être capable de transmettre le(s) sentiment(s) qui l’animent. Il y a énormément de façons de faire; ce qui compte est d’obtenir ce résultat « vivant ».
(Galerie de l’Académie, Florence)
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